Sommes nous en récession ?

Par [Charles Reny] | Aout 2025

La question de la récession revient avec insistance dans les débats économiques contemporains. Pourtant, une lecture strictement technique — fondée sur la contraction du produit intérieur brut (PIB) pendant deux trimestres consécutifs — ne suffit plus à saisir la complexité des dynamiques économiques actuelles. En 2025, le Québec ne répond pas aux critères d’une récession formelle, mais traverse une période de transformation profonde, marquée par des tensions sectorielles, des mutations technologiques et une croissance structurellement affaiblie.

Croissance économique : entre résilience et stagnation

Les données les plus récentes indiquent une croissance réelle du PIB de 1,4 % au Québec en 2024, légèrement inférieure à celle du Canada (1,5 %) et bien en deçà de celle des États-Unis (2,6 %). Cette croissance modérée masque toutefois des disparités régionales et sectorielles importantes, qui affectent directement les entreprises et les professionnels.

Marché de l’emploi : une structure duale

Le taux de chômage au Québec s’établit à 5,4 %, inférieur à la moyenne nationale (6,6 %). Toutefois, cette apparente stabilité dissimule une fragmentation du marché de l’emploi :

Pénuries persistantes dans les secteurs de la construction ( qui est en totale surchauffe et en en situation d’inflation incontrôlé) , des métiers spécialisés et de la santé
Licenciements dans les technologies de l’information, notamment en développement logiciel
Recrutement soutenu dans l’aérospatiale, les biotechnologies et les services aux aînés

Pressions économiques et transformations structurelles

Plusieurs facteurs contribuent à une pression économique latente :

Inflation persistante, bien que modérée, qui continue d’éroder le pouvoir d’achat
Politiques monétaires prudentes, avec des taux d’intérêt élevés freinant l’investissement
Tensions géopolitiques, notamment dans les relations commerciales avec les États-Unis
Disruptions technologiques, en particulier l’automatisation par l’intelligence artificielle, qui redéfinit les contours de l’emploi qualifié

Récession ressentie : une réalité économique non captée par les indicateurs traditionnels

Bien que le Québec ne soit pas en récession technique, de nombreux professionnels et dirigeants d’entreprise témoignent d’un ralentissement palpable. Cette récession ressentie se manifeste par :

Une croissance faible et peu inclusive
Des disparités sectorielles marquées
Une transformation rapide des compétences requises

Trois scénarios pour le second semestre 2025

Scénario optimiste : reprise graduelle grâce à une stabilisation de l’inflation et un regain de confiance des investisseurs
Scénario central : stagnation prolongée autour de 1 % de croissance, avec une transformation sectorielle continue
Scénario pessimiste : entrée en récession technique en cas de choc externe ou de spirale déflationniste

Implications pour les professionnels

Face à cette reconfiguration économique, les stratégies d’adaptation deviennent cruciales :

Pour les salariés : investir dans les compétences d’avenir, maintenir une veille sectorielle active
Pour les entreprises : optimiser la gestion de trésorerie, renforcer l’innovation
Pour les chercheurs d’emploi : cibler les secteurs résilients, valoriser la polyvalence

Conclusion

Le Québec ne traverse pas une récession au sens strict, mais une mutation économique profonde. Cette transformation exige des professionnels une posture proactive fondée sur l’agilité, la formation continue et l’anticipation stratégique.

Je vous invite à partager vos observations : comment votre secteur réagit-il à ces transformations ? Quels signaux percevez vous sur le terrain ?

Références:

Institut de la statistique du Québec. Comptes économiques du Québec, quatrième trimestre 2024.

Statistique Canada. Enquête sur la population active, janvier 2025.

Banque du Canada. Rapport sur la politique monétaire – Juillet 2025. I

Institut du Québec. L’intelligence artificielle menace 810 000 emplois au Québec.

Québec International. Bilan et perspectives économiques 2024-2025. S

Partager cet article: